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Quelques goutes de Pleine Conscience

18 Avril 2020

Quelques goutes de Pleine Conscience

Chères Amies, chers Amis,

la période de confinement va encore durer quelques semaines et nous restons disponibles pour vous soutenir dans votre pratique de la pleine conscience à la maison. Nous espérons que vous gardez beaucoup de fraîcheur en vous-mêmes et dans vos familles, et que vous avez aussi bien du succès dans votre vie spirituelle.

 

Quel est le meilleur moment pour continuer notre pratique de la méditation ?

Avec quelles personnes partager cette pratique de la méditation ?

Quel est la pratique la plus importante à faire ?

 

Chères Amies, Amis, vous connaissez pour la plupart d’entre vous ces trois questions que vous pouvez retrouver dans le livre « Le Miracle de la Pleine Conscience » où Thầy nous rapporte l’histoire de Tolstoï à propos des trois questions de l’empereur qui demande à ses sujets quelle est la meilleure chose à faire, à quel moment et avec quelles personnes. Nous allons essayer de répondre brièvement à ces trois questions.

 

Le meilleur moment pour continuer notre pratique de la méditation, c’est maintenant, ici et maintenant. Nous n’avons que l’instant présent qui soit réellement disponible pour que nous puissions être vraiment là pour nous-mêmes et pour les autres. Le passé n’est plus là, et le futur n’est pas encore arrivé ; si nous pensons au passé en nourrissant des regrets ou des remords, par exemple, alors nous ne sommes plus vraiment présents(es), ou au contraire si nous pensons au futur avec inquiétude et souci pour notre santé ou celle de nos proches, nos moyens matériels et financiers, etc… alors nous sommes là aussi partis et absents(es) du moment présent. Nous pouvons dire que nous sommes perdus dans le passé ou dans le futur.

 

Les personnes les plus importantes pour partager notre pratique sont celles qui sont là avec nous juste au moment où nous voulons pratiquer la pleine conscience. Nul besoin d’aller ailleurs pour chercher quelqu’un d’autre. Donc, actuellement les personnes les plus importantes sont nos proches à la maison, enfants, compagnons et compagnes, grands-parents, etc… Mais que dire alors si ces personnes proches de nous à cet instant ne savent pas ou ne veulent pas pratiquer la méditation ? Alors bien sûr il ne s’agit pas ici de forcer quiconque, et il ne faut pas penser qu’une personne qui ne pratique pas le même chemin spirituel que nous, n’est pas importante pour nous. Au contraire, c’est une chance. Simplement en quelques mots, c’est à nous, par notre manière d’être, joyeux(ses), calmes, heureux(ses), plutôt que par des paroles pour essayer de convaincre, d’apporter à nos familles, à nos proches, de la joie et de la légèreté par exemple, ou du bien-être. Si nous sommes capables de générer le calme, la paix, alors nous serons ce calme et cette paix, et cela se diffusera à toute la maisonnée. De même pour la joie, le bonheur de vivre.

 

La pratique la plus importante à faire reste la pratique de la pleine conscience quelle que soit notre position et ce que nous faisons. Si pour une raison familiale nous ne pouvons pas faire facilement la méditation assise, parce que cela gêne les autres, alors nous pouvons très bien continuer ainsi : - lorsque je marche du salon à la chambre, ou à la cuisine, je fais un pas et j’inspire, puis un autre pas et j’expire ; lorsque je fais la vaisselle, je prends mon temps et avec précaution je nettoie chaque assiette, chaque verre ; lorsque je repasse du linge c’est pareil, je le fais légèrement et tranquillement, concentré sur mon « travail » et sur mon souffle ; ou encore lorsque j’épluche les légume pour faire la cuisine, je peux voir tout l’univers qui se déroule là sous mes yeux… mais sans aller aussi loin, je peux voir la pluie, le soleil, la terre, le paysan, le vendeur de légumes ; tout cela dans une seule carotte !

 

Thầy a déjà écrit ceci : « une seule personne qui pratique la pleine conscience dans une maison, et toute la maison sera en paix ». Nous ne devons pas attendre que les autres nous suivent dans notre démarche, mais plutôt qu’ils nous suivent dans notre façon d’être, paisibles, avec joie et patience. Nous pouvons très bien continuer dans ce cas notre pratique sous forme de « non-pratique », ou encore sous la forme de « gouttes de pleine conscience » tout au long de la journée à l’occasion de tout acte de la vie courante.

 

Transformer les racines de la peur dans notre esprit 

 

Le royaume de l’esprit – reconnaître notre état d’esprit

 

  • J’inspire, je suis conscient de mon esprit
  • J’expire, je suis conscient de mon esprit

 

(l’esprit est comme une rivière dont chaque pensée est une goutte d’eau ; nous sommes assis sur la rive et nous observons l’apparition et la disparition de chacune de nos pensées, sans essayer de les saisir, de les combattre ou de les rejeter)

 

rendre l’esprit heureux

 

  • J’inspire, je rends mon esprit heureux
  • J’expire, je rends mon esprit heureux

 

(la pratique de l’arrosage sélectif permet de nourrir son esprit. Laisser dormir les graines négatives non manifestées dans la conscience du tréfonds, et lorsqu’une graine négative se manifeste, l’aider à retourner le plus vite possible dans la conscience du tréfonds (alaya)

Aider les formations mentales bénéfiques à se manifester dans la conscience mentale, et essayer de conserver celles-ci le plus longtemps possible dans la conscience mentale)

« Nos vies devraient être organisées pour toucher et arroser le plus souvent possible nos formations mentales bénéfiques plusieurs fois par jour » TNH

 

amener l’esprit à la concentration

 

  • J’inspire, je concentre mon esprit
  • J’expire, je concentre mon esprit

 

(« la concentration a le pourvoir de consumer les afflictions » ; la concentration sur la peur, la colère, l’illusion, le désespoir, permet de faire disparaître ces formations mentales négatives en laissant la place à la vision profonde. Par exemple, la colère n’a pas d’identité propre, elle n’est faite que d’éléments qui ne sont pas la colère, et de fait la colère n’existe plus en tant que telle. Si nous regardons une table en bois, il y a nombre d’éléments dans cette table qui ne sont pas la table ; c’est la pratique de la vision profonde, la concentration sur la vacuité de la table, ou de la colère. Thầy recommande d’avoir cette concentration le plus possible, ce n’est pas une simple idée ou juste pour une fois, c’est une pratique à laquelle nous nous entraînons)

 

libérer l’esprit des afflictions et des notions

 

  • J’inspire, je libère mon esprit
  • J’expire, je libère mon esprit

 

(la peur, la colère, la tristesse ou la discrimination, sont des afflictions desquelles nous pouvons être prisonniers. Même si la peur ou la douleur en nous, a été embrassée par la pleine conscience, nous avons besoin de la concentration sur l’impermanence pour voir profondément que ces formations mentales dont nous sommes prisonniers n’ont pas d’identité propre, mais en plus elles ne peuvent pas rester ainsi pour toujours. A chaque instant elles changent. Tout comme nous changeons aussi de même. C’est la vision profonde de l’impermanence)

 

Chères Amies, chers Amis, ces exercices peuvent paraître difficiles au premier abord, mais en fait ils sont assez simples à mettre en œuvre en prenant des exemples très simples et concrets de la vie courante. Ici nous les présentons brièvement, mais comme un rappel, vous pourrez les retrouver en détail dans le livre « La Peur » qui est un très beau manuel de pratique que Thầy nous a offert. Nous profitons de cette belle retraite dans nos « Sanghas Familiales » pour approfondir un peu notre capacité à nous transformer, et surtout à prendre soin de nos proches et de nous-mêmes.

Quelques goutes de Pleine Conscience

 

Partage

 

Nous sommes revenus en France le 17 mars avec mon épouse après avoir passé deux mois chez notre fille avec nos petits-enfants. Nous sommes confinés depuis dans notre appartement en ville par la force des choses. Nous avons lâché prise de tous nos projets pour le printemps, sans trop de regrets, conscients de la gravité de la situation et de chance que nous avons déjà (logés ; chauffés ; nourris ; en sécurité ; reliés par vidéo à notre famille, à nos amis, à notre communauté et… aux média !) . L’atmosphère en ville est étrange. Le silence règne, pesant. Mais on entend gazouiller les oiseaux au lever du soleil, c’est merveilleux. Et puis le soir à 20 h, quand on applaudit fenêtres ouvertes pour manifester notre gratitude et notre soutien aux soignants, on s’entend et on se voit avec les voisins ; c’est exceptionnel, c’est chaleureux. Il y même eu des soirs ou la planète Venus est danser avec la lune dans le ciel à ce moment-là.

Etant matinal, j’ai le bonheur de commencer la journée par une méditation assise avec la sangha : merci d’être là mes sœurs, mes frères, mes amis, pour que ces 24 heures toutes nouvelles qui me sont offertes, je puisse du mieux possible les vivre en pleine conscience et avec compréhension et amour pour ceux avec qui je suis et serais en relation.  24 heures où je reste confiné avec mon épouse, depuis 24 jours, ne sortant qu’une fois chacun par semaine pour les courses et ça va durer encore un moment. J’expérimente, nous expérimentons, que les tensions, les quiproquos, les chamailleries se font plus rares. Nous sommes mieux connectés, nous sommes plus attentifs l’un à l’autre et il y a davantage de prévenance.

J’ai envie de parler de consommation des quatre nourritures, mais je le ferai peut-être une autre fois car je ne veux pas être trop long. Je me limiterai donc au thème de la présence. Notre inquiétude pour le futur, légitime, peut nous dévorer et faire souffrir les autres, si nous ne parvenons pas à stabiliser notre esprit dans le présent, dans notre corps, dans notre respiration, à tout moment de la journée, en dehors du coussin…

Quel bonheur partagé que de faire un travail méditatif inhabituel (faire la poussière par exemple, mais aussi de la cuisine avec amour, ingrédient essentiel), ou d’apprendre à jouer d’un instrument de musique sans ambitions. Je m’entraine aussi à ressentir mon impulsion à porter ma main au visage, à observer ce qui la provoque (une démangeaison), à ne pas faire le geste et à voir ce qui se passe, afin de ne pas favoriser l’accès du Corona Vénus (c’est ainsi que l’appelle mon petit-fils) à mes voies respiratoires. Les résultats sont mitigés pour l’instant, mais sont encourageants, tout comme pour les cours de guitare que je prends maintenant via internet !

Je vous espère en bonne santé et vous dit à bientôt.

 

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A
Quel bel ouvrage ce magnifique poème <br /> de soeur Chan Tham Han <br /> Merci à tous, ceux , qui se reçois <br /> Merci à tous , ceux , qui se donne <br /> Alileau
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