Déclaration bouddhiste pour les dirigeants mondiaux sur les changements climatiques
Les plus grandes personnalités bouddhistes signent une déclaration historique sur les changements climatiques à l’attention des dirigeants mondiaux
Quinze des plus importants chefs spirituels bouddhistes ont publié un appel historique lancé aux dirigeants politiques pour conclure un accord efficace face aux changements climatiques lors des négociations des Nations unies sur le climat à Paris qui débuteront le 30 novembre.
« Nous sommes à un moment charnière, où notre survie et celle des autres espèces sont en jeu en raison de nos actes », nous avertit l’introduction de cette Déclaration. Sa Sainteté le Dalaï Lama, le maître zen Thich Nhat Hanh, Sa Sainteté le 17ème Karmapa, ainsi que les Chefs suprêmes du bouddhisme au Bangladesh, au Japon, en Corée, en Malaisie, en Mongolie, en Birmanie, au Sri Lanka et au Vietnam, le Secrétaire général de la Confédération bouddhiste internationale (IBC), le Président de l’Association bouddhiste des États-Unis, le Président de l’Union Bouddhiste de France (UBF) et Son Altesse Royale la Princesse du Bhoutan Ashi Kesang Wangmo Wangchuk comptent parmi ses célèbres signataires
« Quand nous nuisons à la terre, c’est à nous-mêmes que nous portons atteinte, a expliqué Sœur Chân Không, de la communauté internationale des bouddhistes engagés du Village des Pruniers. La terre n’est pas seulement notre environnement. La terre est notre mère. Nous sommes tous des enfants de la terre et nous devons nous entraider en tant que frères et sœurs d’une seule grande famille planétaire. Nous devons agir, non par devoir, mais par amour les uns pour les autres et pour notre planète. Le Bouddha nous a montré que nous pouvons tous vivre simplement tout en étant très heureux. »
La Déclaration des chefs spirituels bouddhistes amplifie « C’est maintenant qu’il faut agir : Une déclaration bouddhiste sur les changements climatiques », qui a été signée en 2015 par plus de 300 chefs spirituels et enseignants bouddhistes célèbres représentant les principales écoles et traditions du bouddhisme de 37 pays, ainsi que par des milliers de pratiquants bouddhistes. Elle se réjouit également des déclarations d’autres traditions religieuses, qu’elle soutient. Les bouddhistes sont encouragés à montrer leur soutien à cette déclaration et à participer à la conversation en ligne sur #Buddhists4Climate.
Déclaration bouddhiste pour les dirigeants mondiaux sur les changements climatiques
29 octobre 2015
Nous soussignés, chefs spirituels bouddhistes, nous sommes rassemblés préalablement à la 21ème séance de la Conférence des parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui aura lieu à Paris, pour unir nos voix aux appels croissants à ce que les dirigeants mondiaux coopèrent avec compassion et sagesse et parviennent à un accord ambitieux et efficace sur le climat.
Nous sommes à un moment charnière, où notre survie et celle des autres espèces sont en jeu en raison de nos actes. Il est encore temps de ralentir les changements climatiques et de limiter leurs impacts, mais pour ce faire, le sommet de Paris devra nous mettre sur la voie de l’abandon des énergies fossiles. Nous devons garantir la protection des plus vulnérables, par des mesures visionnaires et globales d’atténuation et d’adaptation.
Notre préoccupation est fondée sur la prise de conscience du Bouddha de la coproduction interdépendante, qui relie tout ce qui est dans l’univers. Comprendre cette causalité interdépendante ainsi que les conséquences de nos actes représente une étape clé pour réduire notre impact environnemental. En cultivant la vision profonde de l’inter-être et de la compassion, nous serons capables d’agir par amour, et non par peur, pour protéger notre planète. C’est un thème dont les chefs spirituels bouddhistes parlent depuis des décennies. Cependant, le quotidien peut facilement nous faire oublier que notre vie est inextricablement liée au milieu naturel par chaque respiration que nous prenons, par l’eau que nous buvons et par la nourriture que nous mangeons. Par manque de vision profonde, nous sommes en train de détruire les écosystèmes mêmes dont nous, et tous les autres êtres vivants, dépendons pour notre survie.
Nous jugeons impératif la reconnaissance par la communauté bouddhiste mondiale que nous dépendons à la fois les uns des autres et du milieu naturel. Ensemble, l’humanité doit agir sur les causes premières de cette crise environnementale, qui est engendrée par notre utilisation des énergies fossiles, par des modèles de consommation non viables, par notre manque de conscience, et par le peu de préoccupations des conséquences de nos actes.
Nous soutenons vivement « C’est maintenant qu’il faut agir : Une déclaration bouddhiste sur les changements climatiques », qui est approuvée par des chefs spirituels et des représentants de sanghas bouddhistes du monde entier. Nous nous réjouissons et nous soutenons également des déclarations sur les changements climatiques d’autres traditions religieuses. Celles-ci incluent l’encyclique du Pape François publiée cette année, Laudato si’ : Sur la sauvegarde de la maison commune, la Déclaration islamique sur les changements climatiques, ainsi que l’imminente Déclaration hindouiste sur les changements climatiques. Nous sommes unis dans notre volonté de sortir des énergies fossiles, de réduire notre consommation, et dans l’impératif éthique d’agir à la fois contre les causes et contre les impacts des changements climatiques, surtout chez les plus pauvres.
À cette fin, nous exhortons les dirigeants mondiaux à faire preuve d’une volonté politique de combler l’écart entre les besoins et les promesses des pays parties en matière de réduction des émissions et à garantir une augmentation de la température moyenne mondiale inférieure à 1,5 degré Celsius par rapport à l’ère préindustrielle. Nous demandons également qu’ils augmentent d’un commun accord les financements climatiques, de façon à aider les pays en voie de développement à se préparer aux impacts climatiques et à nous aider tous à effectuer une transition vers un avenir bas carbone sans danger.
La bonne nouvelle est qu’une occasion unique d’opérer un tournant décisif se présentera avec les négociations pour le climat à Paris. Les scientifiques nous assurent qu’il est possible, sur le plan technologique comme sur le plan économique, de limiter l’augmentation de la température moyenne mondiale à moins d’1,5 degré Celsius. La sortie progressive des énergies fossiles et la transition vers une utilisation exclusive d’énergies propres et renouvelables engendreront non seulement le passage à une économie bas carbone dans le monde, mais nous aideront également à nous engager sur un chemin de renouveau spirituel dont nous avons le plus grand besoin. Outre notre progression spirituelle, et conformément aux recommandations des Nations unies, protéger nos forêts, tendre vers une alimentation basée sur des aliments d’origine végétale, réduire notre consommation, recycler, adopter les énergies renouvelables, prendre l’avion moins souvent et préférer les transports en commun comptent parmi les actions les plus efficaces que nous pouvons accomplir en tant qu’individus. Nous pouvons tous changer les choses.
Nous demandons aux dirigeants mondiaux de reconnaître et d’assumer la responsabilité universelle que nous avons de protéger le tissu de la vie pour le bien de tous, à présent et dans le futur.
Pour ces raisons, nous demandons à toutes les parties présentes à Paris :
d’être guidées par la dimension morale des changements climatiques telle qu’indiquée dans l’article 3 de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
d’accepter de sortir progressivement des énergies fossiles pour opérer une transition vers l’utilisation d’énergies renouvelables et propres à 100%.
de faire preuve d’une volonté politique de combler l’écart entre les besoins et les promesses des pays parties en matière de réduction des émissions, afin de garantir que la température moyenne mondiale augmentera de moins d’1,5 degré Celsius par rapport à l’ère préindustrielle.
de s’engager fermement à augmenter les financements au-delà des cent milliards de dollars promis en 2009 à Copenhague, y compris pour le Fonds vert pour le climat (GCF), afin d’aider les pays en voie de développement vulnérables à se préparer aux conséquences des changements climatiques ainsi qu’à une transition vers une économie bas carbone.
C’est maintenant qu’il faut agir.
Cordialement,
Sa Sainteté le Dalaï Lama Tenzing Gyatso, 14ème Dalaï Lama
Maître zen Thich Nhat Hanh, Patriarche de la communauté internationale des bouddhistes engagés du Village des Pruniers
Sa Sainteté le 17ème Gyalwang Karmapa, Chef de la lignée Karma Kagyu
Sa Sainteté le Dr Dharmasen Mahathero, Patriarche suprême (Sangharaja) du Sangha du Bangladesh
Rév. Hakuga Murayama, Président de l’Association nationale japonaise des jeunes bouddhistes (Japan Young Buddhist Association, JYBA)
Son Éminence Jaesung Sunim, Président de l’Ordre Jogye du bouddhisme coréen
Bhante B. Sri Saranankara Nayaka Maha Thera, Chef de l’Adhikarana Sangha Nayaka de Malaisie, Kuala Lumpur
Son Éminence le révérend Khamba Lama Gabju Demberel, Chef suprême des bouddhistes mongols
Sa Sainteté le Dr Bhaddanta Kumarabhivamsa, Sangharaja et président du comité d’État Sangha Maha Nāyaka en Birmanie
Son Éminence Agga Maha Panditha Dawuldena Gnanissara Maha Nayaka Thera, Mahanayaka Thero, prélat suprême d’Amarapura Maha Nikaya au Sri Lanka
Sa Sainteté Thich Phô Tuê, Patriarche suprême de tout le Sangha bouddhiste du Vietnam
Vénérable Lama Lobzang, Secrétaire général de la Confédération bouddhiste internationale (IBC)
Révérend Olivier Reigen WANG-GENH, Président de l’Union Bouddhiste de France (UBF)
Vénérable Bhikku Bodhi, Président de l’association bouddhiste des États-Unis
Sa Majesté Ashi Kesang Wangmo Wangchuk, Bhoutan
www.gbccc.org