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Un petit entretien avec sr Hai Nghiem (soeur Prune)

12 Avril 2016

Un petit entretien avec sr Hai Nghiem (soeur Prune)

Comment t'appelles-tu?

Je m'appelle Sœur Hai Nghiem.

Quel âge as-tu?
J'ai 33 ans.

Quand et où as-tu été ordonnée?
J'ai reçu l'ordination en février 2008, au Village des Pruniers

Et où habites-tu actuellement?
Au Village des Pruniers, au Hameau Nouveau.

Que signifie pour toi le fait de recevoir la lampe?
Pour moi, recevoir la lampe, c’est grandir dans la communauté. Cela veut dire : être plus mûre dans la pratique, plus solide. Quand je pense que maintenant j’ai la lampe, je me souviens de mon engagement dans la communauté et de la confiance que la communauté m’a offerte. Cela veut aussi dire que je vais apprendre encore plus de choses maintenant. Je vais participer aux réunions des grands frères et grandes sœurs. Donc je vais encore mieux comprendre la communauté.

A présent, j’ai envie de développer la capacité de partager, de pouvoir raconter des histoires, de partager le Dharma, de partager mon expérience.
Etre enseignante du Dharma du Village des Pruniers, ce n’est pas répéter par coeur ce que Thây nous a enseigné, ni réciter les soutras par cœur, mais c’est trouver notre propre façon, notre style, notre façon à nous de partager notre propre expérience.

Donc j’ai un peu peur de faire ça, mais en même temps, je suis contente.

Quelle est la pratique de Thây que tu aimes le plus?

Respirer ! J’aime cette pratique. Elle n’est jamais ennuyeuse. Elle est toujours intéressante et je l’oublie aussi toujours.

C’est pour le plaisir, mais en même temps, c’est une pratique très, très profonde.

Je suis souvent malade ; mal à la tête. C’est cette pratique qui m’aide à travers ces douleurs. Je suis aussi souvent de mauvaise humeur et ça m’aide pour traverser ces périodes. Et ça aide aussi quand ça va bien : ça va encore mieux. Et en plus, ce qui est génial, c'est que c’est une pratique qui n’est pas bouddhiste et qui est accessible à tout le monde.

Qu'aimerais-tu dire aux amis de la Maison de l'Inspir?

D’abord, je veux dire ‘Merci ! Parce que j’ai beaucoup d’amis à la Maison de l’Inspir quand j'y retourne. Et ce sont des personnes très fidèles, qui viennent à chaque journée de pleine conscience. On partage la joie et la sérénité. J’apprécie énormément. Quand je participe aux partages du Dharma, c’est très vivant, très réel. Il y a plein de personnes qui offrent leur talent aussi : arranger les fleurs, offrir les ateliers de Tai Chi, ou des journées dédiées aux professeurs et aux jeunes, et puis il y a tous ceux qui aident sr Giac Nghiem avec la gestion des comptes et plein de choses comme ça. Ce que j’aime aussi, c'est qu’il y a beaucoup d’amitié entre les pratiquants, qu'ils soient vietnamiens, francophones ou non-francophones.

Il faut qu’ils nous encouragent pour qu’il y ait bientôt une Maison de l’Inspir pour les frères. Si la demande vient des pratiquants laïcs hommes, cela aura plus de poids que si seuls les monastiques en expriment le besoin.

Je remercie aussi toutes les personnes (que ce soit en France ou dans d'autres pays) qui consultent le blog de la Maison de l’Inspir et qui pratiquent ainsi avec nous.

Si on sait que les gens lisent, on a envie d’écrire.

Un petit entretien avec sr Hai Nghiem (soeur Prune)

Voilà le gatha de vision profonde de sr Hai Nghiem:

Je suis la mère et l’enfant

Pétris de Terre hors du temps

Tu es l’arbre et puis le fruit

Tu es l’astre donc je suis

Đất mẹ thở cho con (la Terre-Mère respire pour moi)

Mặt trời cha hôn con (le Soleil-Père me donne un baiser)

Con bước chân hôn mẹ (à chaque pas, j’embrasse Mère)

Con thở biết ơn cha (à chaque souffle, je remercie Père)

Thầy chỉ đường đi rồi (Thay a révélé un chemin)

Độ đời con khỏe nhẹ (pour servir le monde avec énergie et légèreté)

Cả nhà về anh ơi (ô mes frères, nous voilà tous réunis)

Chị em hát xuân ca (écoutez nos soeurs qui chantent le printemps)

Et son explication:

Mon gatha parle d’abord de ma gratitude infinie pour mes parents, mes frères, mon maître, ma famille spirituelle et la Terre ou la nature en général. J’exprime d’une façon non-mentale le ressenti d’être, dans mon corps, mère : ma propre mère est bien présente en moi, mais je me sens également en lien de maternité vis-à-vis de tous. Quand j’avais environ 19 ou 20 ans j’ai décidé par désespoir que je ne donnerai pas naissance. Mais aujourd’hui j’ai développé une réelle pratique de me révéler l’enfant intérieur heureux ou blessé qui vit en chaque homme et chaque femme, dans mon Frère ou ma Sœur monastique, dans mes parents, etc. C’est une vision quotidienne. C’est ainsi que je génère la tendresse, et le désespoir n’a plus lieu d’être ! Je peux faire toute ma part pour prendre soin des enfants qui souffrent dans ce monde.

Je suis l’enfant aussi bien entendu. Je m’alimente de joie, d’inventivité, de moments sauvages, d’émerveillement, de partage ; et la moindre seconde de tendresse que je génère pour une autre personne fait autant de bien à ma petite fille intérieure.

Et puis je suis la Terre-Mère et toute la vie naissante d’elle. Je retourne sans cesse au contact de ce bourgeonnement infini et de la re-désintégration, du re-pétrissage de mort et de vie. Quels inestimables enseignements que ceux de l’impermanence, de la non-séparation ! Je fais de tout petits pas pour m’abandonner à la plénitude de notre Terre-Mère, Terre-Enfant… et je sens toujours dans mon âme l’appel brûlant de ces générations futures qui veulent vivre mais me voient, nous voient détruire leur possibilité de vivre. Je ne suis pas moins déchirée qu’au premier jour de l’eau souillée, de l’air rendu toxique, des arbres coupés, des animaux aveuglément tués, et des enfants, des hommes et des femmes dévalorisés, de leur divinité bafouée.

L’arbre, le fruit et l’astre, « tu es donc je suis », me rappellent mon père. Il m’a donné tant de nourriture spirituelle et a aiguisé lui aussi mon observation de la nature. Il me ressort les photos de quand j’avais entre 7 et 11 ans et que je m’habillais juste avec un maillot de bain, une couronne et des bracelets faits de feuilles de châtaignier cousues par des petites brindilles. Il me dit toujours qu’à l’âge de trois ans, je connaissais les noms de plantes sauvages et que je savais lesquelles étaient comestibles. C’est parce qu’il me dit ça que je me réjouis de continuer à apprendre des plantes, et que quand je suis en route quelque part, je repère toujours les différents arbres fruitiers (mais aussi les oiseaux et animaux de sortie) avant les panneaux indicateurs de direction. Et je réalise peu à peu que c’est ça, vivre vraiment, en tous cas pour moi : c’est reconnaître et m’abreuver continuellement de l’abondance de beauté, de bonté et d’amour donnée par la vie. Je suis incapable de survivre dans la compagnie trop longue des ordinateurs, des voitures, des magasins et des maisons.

Alors dans la deuxième partie du gatha écrite en vietnamien, je célèbre ces cadeaux infinis : la Terre, le Soleil, le souffle, la marche, le chemin spirituel, mon maître et ma Sangha. Je reçois 5 sur 5 l’encouragement ferme de Thay et de la Sangha à rester engagée dans la transformation des afflictions et le service, à trouver dans mon engagement-même la source du bien-être et à cheminer ainsi main dans la main avec toute ma famille de sang et toute la Sangha, dans le paysage du printemps éternel, du Royaume de Dieu et des chansons d’amour infini du cœur guéri.

Un petit entretien avec sr Hai Nghiem (soeur Prune)
Un petit entretien avec sr Hai Nghiem (soeur Prune)
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D
Bonjour Soeur Prune, <br /> voilà, nous sommes ratées à la sortie de l'enseignement au hameau du haut lors de la retraite francophone, mais je vous retrouve presque naturellement sur ce blog :-) <br /> Je vous rappelle que je désirais connaître votre pratique avant de dormir pour générer de beaux rêves et votre poème du réveil pour soulager les sommeils plus agités. <br /> Pouvez vous m'envoyer ces textes ? <br /> En attendant, je vais déjà répéter votre gatha :-)<br /> Je vous remercie pour toutes vos interventions pendant cette retraite et aussi de m'avoir fait redécouvrir le Khicông qui est vraiment une pratique remarquable. <br /> <br /> Mille pétales de lotus pour vous, <br /> Detchanne
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C
Merci Soeur Pham Nghiem pour ce partage généreux et inspirant !
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T
Je suis touchée. <br /> Merci Sr Hai Nghiem
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F
Merci Sr Hai Nghiem pour ce partage trés nourrisante.
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A
Merci, sœur Prune!
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