Poème d'une pratiquante
"La violence,
Elle s'insinue là où tu ne l'attends pas.
Tu la crois dehors alors qu'elle est dedans.
Les voitures brûlent et tu hurles au scandale,
Mais c'est ton cœur qui brûle de tant d'indifférence.
Tu te crois au-dessus de ces délinquances,
Tu te crois à l'abri et puis un jour
Tu les rencontres au coin de la rue,
Dans ta maison.
Elles sont en toi.
Elles sont toi … enfin ! Une part de toi.
Alors, si tu veux vraiment que ça change,
il va falloir prendre des risques,
Tous les risques.
Celui d'ouvrir ton cœur à la morsure de la vie de l'autre.
Parce que l'autre est à l'intérieur de toi.
Tu n'y crois pas n'est ce pas?
Tu n'en veux pas !
Tant pis.
Tu subis.
Tu dis "ça suffit, y'en a marre"
Et tu restes spectateur de ta propre vie.
Il y a des monstres partout et surtout en toi.
Aies le courage de les rencontrer et de les apprivoiser.
Et puis, demain quand tu croiseras un regard monstrueux,
Tu sauras voir derrière,
Celui de l'enfant qui pleure.
Parce que tu sauras, toi,
Que la violence, c'est de la souffrance
Qui cherche à s'exprimer.
C'est de l'amour qui s'est perdu
Dans les méandres de la bêtise et de l'ignorance.
C'est le cri de douleur de la déchirure intérieure,
De la blessure de l'enfant en nous,
Qui n'a pas été regardé, entendu,
Dans la beauté de son être essentiel.
Il va falloir apprendre.
Il y a état d'urgence.
Apprendre à regarder, à toucher, à parler, à entendre, à goûter, à sentir,
A user de chacun de nos sens,
D’une plus grande délicatesse.
D’une plus grande acuité,
Pour être à la hauteur de ce qui nous est donné …
… La Vie!
Il est temps d'offrir au monde
Cette présence délicate du cœur,
Comme une offrande, en gratitude
Un merci.
Et même si je ne sais pas.
Et même si je ne sais rien.
Il n'y a plus de temps à perdre.
Le monde est en état d'urgence.
Je suis en état d'urgence.
Et j'ai peur de le ne pas être à la hauteur,
D'avoir peur, de ma couardise devant ces ruines d'amour.
Et pourtant,
Lueur d'espoir,
Je crois apercevoir au milieu de ce charnier,
Cette fleur indomptée, rebelle, non cultivable,
Que l'on ne peut mettre en vase …
D'un rouge sang … un coquelicot !
Je pleure et j'ai besoin de Toi."