Septième message pour la retraite d'hiver 2016-2017
Septième Facteur d’Eveil - L’Equanimité (Upeksha)
Voici la dernière branche de l’arbre des Facteurs d’Eveil, l’Equanimité, en sanskrit : Upeksha.
C’est aussi le quatrième élément de l’Amour Véritable (Maitri) que l’on retrouve dans le paragraphe « Les Quatre Etats Illimités » du livre ‘Le Cœur des Enseignements du Bouddha’ de Thầy.
‘Upa’ signifie au-dessus, et ‘iksh’ regarder : - regarder au-dessus.
L’équanimité c’est aussi le non-attachement, la non-discrimination, l’égalité d’esprit ou encore le lâcher-prise.
« L’équanimité est un aspect du véritable amour, cela n’a rien à voir avec l’indifférence. En pratiquant l’équanimité, nous aimons tout le monde de la même manière. » Thich Nhat Hanh
Chère Communauté,
Nous voici arrivés au terme de cette retraite d’hiver chez soi 2016/2017, avec ce septième message et dernier facteur d’éveil. Nous espérons qu’au cours de ce petit voyage, à travers messages et témoignages, vous avez pu toucher en vous ce qu’il y a de plus profond dans l’intimité de votre cœur, de votre âme ou de votre esprit, et que vous avez pu entrer en contact avec les éléments nourrissants et rafraîchissants déjà présents dans le tréfonds de la conscience, l’Alaya, et qu’ainsi les douleurs, les souffrances, les afflictions, ont pu commencer, avec pleine conscience, ce travail de transformation qui mène à plus de sérénité et de paix dans la vie quotidienne.
Nous vous remercions de tout cœur pour vos commentaires postés sur le blog de la Maison de l’Inspir qui nous ont encouragés à poursuivre notre route dans les moments de doute, d’hésitation. Nous remercions aussi de tout cœur les Sœurs qui nous ont apporté leur soutien joyeux indéfectible.
Mais avons-nous fait de notre mieux pour vous accompagner sur ce chemin ?
La première chose que nous enseigne Thầy à propos de l’Equanimité c’est l’Amour Véritable, qui nous apprend à voir tout le monde avec le même regard : - le regard aimant et compatissant. Et sans doute devons-nous aussi porter ce genre de regard sur nous-mêmes, sinon comment pourrions-nous aimer vraiment les personnes qui nous entourent dans notre vie familiale ou spirituelle ?
Une deuxième chose qui nous est enseignée est le Lâcher-Prise. Le lâcher-prise des notions, des jugements, de la discrimination, d’une idée d’un soi séparé… ou plus simplement, lorsque nous sommes en colère, ou tristes, ou encore désespérés, essayons de lâcher prise avec les sentiments qui inévitablement feront surface dans notre conscience, nous menant à vouloir réagir immédiatement à telle ou telle situation, ou bien nous menant à un état de léthargie, d’indolence, de dépression ou d’addiction afin de fuir nos souffrances…
Imaginons que nous soyons au sommet d’une haute montagne et que nous regardons en bas dans la vallée, les villages nichés tout au fond, et nous ne voyons plus alors précisément les détails, les routes, les personnes ; à notre vue ne se présente plus qu’un ensemble où tout ce qui pourrait nous amener à des jugements divers a disparu, laissant place à une belle vallée entourée de montagnes. Qui pourrait dire alors ce qui se passe au creux de cette vallée si belle ? Pourrions-nous prendre un parti quelconque pour qui que ce soit ?
Imaginons encore que nous soyons comme la terre qui reçoit une pluie bienfaisante et fraîche, mais sur laquelle nous déversons aussi des déchets polluants et toxiques, ou que nous soyons comme l’eau potable que nous buvons et sans laquelle la vie ne serait pas possible, mais à laquelle nous confions là aussi bien des liquides néfastes à la nature, ou bien que nous soyons comme l’air frais que nous respirons, allant et venant par tous les pores de notre corps et de nos poumons, et qui pourtant doit absorber une grande quantité de gaz impropres à la respiration, ou que nous soyons enfin comme le feu qui apporte la chaleur et qui purifie tout, consumant indifféremment les éléments sains ou malsains…
Ces quatre éléments, terre, eau, air et feu, sont aussi les éléments constitutifs de notre corps desquels nous ne sommes jamais séparés, ils sont en nous et nous sommes en eux, il n’y a pas de différence n’est-ce pas ?
Nous vous proposons de lire le Sutra de la Parabole de la Scie (Kakacupama Sutta – Majjhima Nikaya,21), où le Bouddha dit ceci : « Même si un bandit vous coupe les membres avec une scie, si la colère surgit en vous, vous n’êtes pas un disciple de mes enseignements. Pour être un disciple du Bouddha, votre cœur ne doit pas nourrir de haine, vous ne devez pas prononcer de paroles blessantes, vous demeurer plein de compassion, sans hostilité ni malveillance. » Thầy nous dit que cet enseignement touche une intention très noble en nous mais que celle-ci va complètement à l’opposé de nos énergies d’habitude les plus fortes qui soient.
Alors, en forme d’exercice que nous pouvons pratiquer, le Bouddha et Shariputra nous invitent à pratiquer ainsi :
- Pratiquer l’équanimité face à des paroles dures
- Apprendre à ne pas se sentir perturbé, amer ou abattu
- Ne pas exulter lorsqu’on fait nos louanges… car une louange ne nous touche pas en tant que personne individuelle, elle touche aussi nos parents, nos enseignant, nos amis, tout ce qui nous entoure ainsi que de nombreux êtres, c’est pourquoi nous ne devrions pas exulter.
Nous pouvons aussi lire le Grand Soutra de la parabole de l’Empreinte de l’Eléphant (Majjhima Nikaya,28) où Shariputra nous enseigne à propos des Quatre Grands Eléments. « En méditant sur les éléments terre, eau, feu et air qui sont en nous et à l’extérieur de nous, nous voyons que nous ne sommes pas différents des autres. Si nous transcendons notre idée d’un soi séparé, notre amour contiendra de l’équanimité, car nous saurons que nous sommes exactement comme eux. » Thich Nhat Hanh
Pour finir, voyons que nos énergies d’habitude sont basées le plus souvent sur des rapports de force tels que : plus grand plus petit, plus fort plus faible, plus beau plus moche ; ou bien agréable désagréable, joie tristesse, bonheur malheur, paix guerre, etc…
Alors maintenant, nous allons essayer une nouvelle énergie d’habitude en s’exerçant et pratiquant un rapport de Paix au moyen du Gatha suivant, et ce sera notre dernière proposition d’exercice pour ce dernier message :
« Les mains jointes je t’offre un lotus et je m’incline devant toi, Bouddha en devenir »
- Pratiquons ce gatha de tout cœur, avec tout notre être dans notre communauté spirituelle, avec nos amis, amies, dans le Dharma, sincèrement et profondément
- Pratiquons ce gatha de tout notre cœur, dans notre famille, voyons nos parents, nos enfants, nos compagnons, nos compagnes, comme étant des êtres capables de toucher à la Liberté et de nous y amener aussi
- Pratiquons ce gatha mentalement, à notre travail, dans la rue, où que nous soyons et avec les personnes qui nous entourent à ce moment-là ; voyons ces personnes comme étant des personnes capables de nous apporter de la joie et de la paix, capables de nous enseigner et nous apprendre à cheminer dans notre vie