La Retraite d'hiver chez soi
Chers amis,
la retraite d'hiver va commencer dans les monastères de Noisy et de Verdelot.
Comme l'écrivent nos sœurs sur le blog de la maison de l'inspir "c'est un moment merveilleux et très intense qui nous permet de demeurer au même endroit et de concentrer notre énergie sur notre pratique, nos études, et le vivre ensemble comme une sangha d'un même corps".
"Demeurer au même endroit"
Traditionnellement, pendant cette retraite les moniales et les moines ne quittent pas le monastère, et même leurs promenades à pied dans les environs, ont des"frontières" précises. Géographiquement, on ne s'éloigne pas, on reste centré sur le monastère et ce qui s'y passe.
"Nous devrions respecter le règlement de la retraite d'hiver, disait Thay dans son introduction à la retraite d'hiver de 2008, ne pas sortir de l'enceinte de notre centre de pratique [...] nous restons là, tranquilles, nous n'allons nulle part pendant ces trois mois."
Nous autres qui ne vivons pas dans un monastère, et qui peut-être ne pourrons pas nous rendre souvent dans celui de nos sœurs et de nos frères, comment allons-nous faire pour créer dans nos vies pendant ces trois mois ce "centre", ce "aller nulle part", ce "rester là, tranquilles" ?
Est-ce notre maison qui va devenir notre centre de pratique ? aurons-nous besoin, ou envie, d'y créer un petit espace symbolique qui représente notre désir, notre décision, de pratiquer cette retraite de trois mois ?
ou bien est-ce un lieu en dehors de chez nous qui va représenter ce "centre" ? un jardin, un parc, dans lequel nous choisirons un chemin de marche méditative, de tel arbre à tel arbre, sur lequel nous irons marcher chaque jour ? (suggestion de soeur Jina dans son orientation à la retraite de juin 2014)
ou bien une salle de méditation, une église ou un autre lieu de prière, ou tout autre lieu qui nous offre un espace de tranquillité, et dans lequel nous déciderons de nous rendre, régulièrement, pour un moment de méditation?
Quel sera notre "centre" géographique de retraite ?
Et comment ferons-nous pour "aller nulle part" en allant à notre travail, en allant retrouver des amis, en allant rejoindre nos frères et nos soeurs à Noisy ou à Verdelot ?
comment "rester là, tranquilles" dans les métro bondés, la queue des supermarchés, les rues agitées des périodes de fête1 ?
Chacune, chacun, nous allons inventer nos façons de faire pour créer comme un 'monastère intérieur' nécessaire à la pratique de cette retraite.
Créer nos "frontières", être attentifs à ce qui nous distrait, nous encombre, nous disperse, nous rend absent à nous-même et aux autres, à ce qui nous entoure.
"Concentrer notre énergie sur notre pratique, nos études, et le vivre ensemble comme une sangha d'un même corps".
"Pratiquer avec la sangha est beaucoup plus facile que de pratiquer seul [...] l'énergie collective est très utile, et quand nous nous rassemblons pour passer la retraite d'hiver, nous profitons de cette énergie." (Thay, introduction à la retraite d'hiver de 2008)
Pour nous qui nous apprêtons à vivre cette retraite d'hiver à la maison, c'est important de se rappeler cela.
Nous aurons à nourrir, d'une façon ou d'une autre, notre corps de sangha : nous relier plus vivement à nos frères et soeurs de Noisy et de Verdelot ? voir plus clairement la beauté des sanghas auxquelles nous participons tout au long de l'année ? nous réjouir de la sangha invisible des pratiquants de la retraite chez soi ? identifier des sanghas moins évidentes ? Thay dit quelquefois que des arbres font partie de sa sangha...et il y a aussi nos voisins de palier, nos familles, nos collègues : savons-nous les voir comme des compagnons de route ? des Bouddhas comme nous en devenir?
"Il faut faire en sorte que chaque instant de notre vie quotidienne pendant cette retraite devienne un instant de pratique, un moment de pratique. Nous pratiquons pour être en paix, pour être heureux, pour transformer nos souffrances, nos difficultés dans notre coeur."
" Pendant ces trois mois, il faut faire en sorte que notre vraie demeure soit ici et maintenant. Si nous prenons refuge dans la sangha pour pratiquer, si nous prenons cette retraite comme notre vraie demeure, nous serons heureux." (Thay, introduction à la retraite d'hiver de 2008)
Chers amis, dans les difficultés du monde autour de nous, pas toujours très paisible ces temps-ci, dans les difficultés que nous rencontrons peut-être dans nos vies, Thay dans ces quelques lignes, nous présente cette retraite comme une demeure, une maison où nous pouvons reprendre force et courage, mais aussi une maison que nous avons à construire, courageusement, prenant refuge dans la sangha pour pratiquer de notre mieux. Et le fruit de notre pratique,c'est le bonheur et la paix, la transformation des souffrances et des difficultés, pour nous et pour les autres.
C'est encourageant, c'est enthousiasmant, cela donne envie de se mettre en route pour ce "voyage intérieur", comme écrivent nos soeurs.
Comme vous le savez nous serons aidés et inspirés par des enseignements de Thay, de nos frères et de nos soeurs, tout au long de ces semaines.
Bon courage pour ce début de retraite, dans la beauté des arbres éblouissants de l'automne.
Dans une quinzaine de jours nous enverrons un deuxième message de retraite d'hiver chez soi, et d'ici là vous aurez peut-être vous aussi envoyé vos partages.
1La chanson "Le bonheur c'est maintenant" pourrait nous aider !
Le bonheur c'est maintenant
j'ai laissé tous mes soucis
nulle part où aller
et rien à faire
pas besoin de me presser
Le bonheur c'est maintenant
j'ai laissé tous mes soucis
quelque part où aller
quelque chose à faire
mais à présent
j'ai tout mon temps
Vous pouvez écouter la chanson en cliquant ici