Offrir notre présence
OFFRIR NOTRE PRESENCE
chère Sangha, dans nos vies parfois bien trop remplies, nous oublions souvent de nourrir nos liens familiaux, avec nos enfants, nos grands-parents, nos bien-aimés(es). La vie professionnelle prend une grande partie de notre vie, nous faisant partir tôt le matin et rentrer tard le soir. Puis une fois arrivés(es) à la maison, de multiples occasions se présentent, ou sont déjà là, pour nous distraire de la vie de famille, sans compter sur le travail professionnel à faire à la maison qui est parfois apporté !
Il est alors très facile de ne plus vraiment voir l’autre personne qui vit à notre côté car il ou elle se trouve probablement dans la même situation. Nous sommes absorbés par toutes sortes d’activités concernant notre travail, notre vie courante matérielle, par les soucis avec nos enfants ou même nos grands-parents… Tous les jours les gestes quotidiens se répètent inlassablement, et au fil du temps, des années, une certaine indifférence risque de s’installer entre nous, un certain ennui se fait jour dans notre vie. Nous appelons cela la routine de la vie.
Comment prendre soin de nos proches, nos conjoints(es), nos enfants, nos grands-parents ?
Nous vous proposons cette semaine de rafraîchir nos liens familiaux en utilisant la pratique des mantras que Thầy nous a enseignée, et le premier de ces mantras est celui-ci :
« Chéri(e), je suis là pour toi »
Quand nous entendons le mot mantra, nous pensons peut-être à une sorte de phrase « magique » que l’on chante ou récite sans forcément en comprendre le sens. Mais Thầy, suivant l’enseignement du Bouddha, nous a proposé des mantras dans notre langue, que nous pouvons saisir d’un seul coup sans passer par le détour d’une traduction et donc d’une petite perte du sens original.
Afin de bien pratiquer cette phrase, ce mantra, « Chéri(e), je suis là pour toi », nous devons nous préparer et être pleinement conscients(es) de tout notre être, corps, parole et esprit, pour générer de la sincérité et de la profondeur en nous. Un peu comme dans notre premier message où nous avons joint nos deux mains pour nous saluer. Ce n’est pas un moment banal, c’est un moment plein d’amour. Puis, nous approchant de notre épouse ou époux, de notre enfant ou grand-parent, un beau sourire sur nos lèvres et notre visage, nous lui disons : « Chéri(e), tu sais quoi ? Je suis là pour toi » (nous pouvons remplacer le mot « chéri(e) » par celui qui convient le mieux).
Alors, si c’est la toute première fois, il y aura peut-être un peu de surprise bien sûr, mais très vite l’autre personne comprendra en voyant notre visage si rayonnant, et nous prendra dans ses bras, très émue !... car il est possible que ce soit un instant qu’elle attend depuis si longtemps !
Nous pouvons dire qu’à ce moment-là nous offrons notre « Vraie Présence », nous sommes vraiment disponibles pour nos proches, très loin des soucis du futur ou de la nostalgie du passé ; mieux encore, nous ne sommes pas non plus prisonniers(ères) d’une certaine « idée ou notion » du moment présent… Offrir notre présence est sans doute le plus beau cadeau que nous puissions faire.
RECONNAITRE NOTRE BIEN-AIME(E)
Ensuite il y a un deuxième mantra que nous pouvons prononcer, toujours en étant pleinement présents(es) pour l’autre personne : « Chéri(e), je sais que tu es là, et j’en suis très heureux, heureuse ».
Comme le premier mantra, cela ne doit pas être dit d’une façon mécanique ; il faut voir ces mantras comme une pratique à part entière de la pleine conscience et de la vision profonde. Thầy a écrit ceci : « Etre là, c’est le premier pas, reconnaître la présence de l’autre, c’est le deuxième pas »
(un peu comme pour la pratique de la méditation, d’abord pratiquer « l’Arrêt » - samatha - puis ensuite avoir le regard de la « Vision Profonde » - vipasyana)
C’est-à-dire, après avoir dit à notre bien-aimé(e) que nous sommes vraiment là (premier mantra), nous lui annonçons maintenant que nous reconnaissons « sa présence comme un cadeau précieux » (La Peur – TNH), et c’est pourquoi nous sommes alors très heureux, heureuses.
Thầy a comparé ces deux premiers mantras comme une méditation se rapportant aux quatre éléments de l’Amour Véritable : - l’amour, la compassion, la joie, la liberté.
Parce que ces deux pratiques peuvent apporter le bonheur immédiatement au sein d’un couple, d’une famille. Et si jamais nous sommes trop éloignés(es) les uns des autres, nous avons toujours la possibilité de nous écrire et nous parler, et même nous voir, à distance pour pratiquer cet Amour Véritable.
Transformer les racines de la peur dans notre esprit :
voici les quatre derniers exercices relatifs au soutra sur l’Attention à la Respiration (Ānāpānasati Sutta) traitant de la nature des « objets de l’esprit », c’est-à-dire la façon dont nous percevons les choses. Nous savons que lorsque nous percevons une fleur par exemple, celui ou celle qui perçoit la fleur, et cette fleur elle-même, se manifestent en même temps. Le sujet et l’objet de cette perception se manifestent au même moment. Quand nous sommes conscients(es), nous sommes toujours conscients(es) de quelque chose ; si nous avons de la pleine conscience, c’est toujours la pleine conscience de quelque chose ; si nous pensons, nous pensons toujours à quelque chose.
contempler l’impermanence
- J’inspire, j’observe la nature impermanente de tous les dharmas
- J’expire, j’observe la nature impermanente de tous les dharmas
(l’objet de notre observation peut être une fleur, un galet, quelqu’un que nous aimons, ou pas ; cela peut être nous-mêmes, notre chagrin, notre peur ou notre douleur. Nous avons juste besoin de toucher la nature impermanente dans cet objet – les dharmas peuvent être toute chose susceptible d’être objet de perception)
lâcher-prise de l’avidité
- J’inspire, j’observe la disparition du désir
- J’expire, j’observe la disparition du désir
(cela a trait à la conscience appelée « manas » qui est toujours à la recherche du plaisir et qui ignore les dangers inhérents à cette recherche ; regarder profondément dans ce que nous désirons et consommons est crucial, car ce que nous apportons à notre corps et notre esprit peut venir nourrir notre avidité, notre peur et notre violence ; quand il n’y a plus de désir nous le savons et l’observons)
nirvana
- J’inspire, j’observe la cessation
- J’expire, j’observe la cessation
(le nirvana c’est l’extinction de toutes les notions, les idées, c’est la nature de la réalité telle qu’elle est, c’est notre nature d’inter-être, nous faisons partie du cosmos ; le nirvana c’est ici et maintenant, ce n’est pas un endroit dans le futur, ou quelque part dans une contrée idéale)
lâcher-prise
- J’inspire, j’observe le lâcherprise
- J’expire, j’observe le lâcherprise
(cet exercice peut nous aider à porter un regard profond sur le lâcher-prise de notre avidité, de notre haine et de notre peur ; il nous aide aussi à nous libérer de nos illusions et à entrer en contact avec la vraie nature de la réalité, sans début ni fin, sans naissance ni mort ; quand il y a du lâcher-prise nous en sommes conscients(es), ce n’est pas une pensée, c’est une pratique)
Chers Amis(es), vous pouvez retrouver en détail tous ces exercices dans le livre « La Peur – Conseils de Sagesse pour Traverser la Tempête » de Thầy, sur lequel nous nous appuyons avec beaucoup de bonheur et de reconnaissance.
Partage
Rester chez soi, pratiquer l'arrêt. Voilà qui depuis le 17 mars s'est révélé une pratique “imposée”. Thay dit que s'arrêter c'est regarder en soi et respirer avec ce qui est.
Et depuis que je me suis vraiment arrêtée, je prends le temps de reconnaitre, accepter et embrasser les pensées agréable (les “lotus” comme on dit au Village), mais aussi le “composte”, les pensées moins agréable.
Il y a la joie d'être en vie, la gratitude d'être en bonne santé. Et il y a aussi l'agitation et la frustration de ne pas pouvoir sortir quand on veut, aller où on veut et de ne pas pouvoir être avec les gens qu'on aime. Il y a aussi la peur que nos proches tombent malade, la peur d'un future incertain (qui l'est toujours dans tous les cas!) et puis reconnaître ces lotus et ce composte comme deux frères à traiter avec autant de tendresse et d'attention.
Et puis, reconnaitre que l'on est pas seul. De se demander dans les moments où la joie est plus présente : “Que puis-je faire pour aider?”. Après soi-même, il y a nos proches. Et puis, il y a cette tante âgée qu'on oublie souvent d'appeler car on est “très occupé”. Ce papa qui vit à plusieurs centaines de kilomètres et qui sort quand même, malgré qu'il fasse parti des personnes à “risques élevés”, car il ne supporte pas de rester entre quatre murs. Et notre maman, qui est seule dans un petit appartement dans une grande ville. Alors on téléphone souvent, beaucoup plus souvent. D'abord pour rassurer, avoir des nouvelles, écouter les peurs liées aux médias qui diffusent en boucle les taux de mortalité. On raconte sa dernière marche dans la forêt, ou le dernier petit plat qu'on a préparé. Et puis on appelle, juste pour entendre la voix de ce papa et se dire qu'il est toujours là. À cette tante on lui dit qu'elle n'est pas seule et que ça n'est pas la fin du monde, que les fleurs poussent toujours et que les oiseaux chantent encore. À cette maman, on lui dit qu'on l'aime, beaucoup plus souvent aussi. Et puis, une pratique, toute simple, toute jolie arrive naturellement : “Maman, ma petite maman chérie, qu'elle a été ta joie aujourd'hui? Pour moi, deux oiseaux très bavards, avec des ailes toutes bleus ” . “Mon petit papa, hier soir en voyant les étoiles, je me suis remémorée quand j'étais petite on allait ensemble à la chasse aux étoiles filantes en été, avec un chocolat chaud, tu te souviens?”. Et après quelques jours on reçoit des nouvelles : “Coucou ma fille, j'ai repeint la chaise du balcon aujourd'hui!” ou “J'ai fait les courses pour ma voisines de 85 ans et elle m'a invité à boire le café on a tellement rit!”. Alors vient une joie toute belle, toute simple, cette connexion qu'on avait “oublié” et qui se manifeste à travers la vie qui suit son cours.
Thay a dit que le plus grand de tous les dons “dana” qu'on pouvait offrir était la non-peur.
Ce matin, j'ai reçu un texto sur mon téléphone avec une photo et c'était une belle rose. Et le message disait : “Une rose pour la plus belle des fleurs”.
Alors voilà, c'est cela la joie de ma journée.
Aurélie
Rendez-vous amoureux
Cela fait maintenant 3 jours que je viens te voir, toi l'arbre .
Je t'avais déjà remarqué au centre de ce square : tranquille, majestueux .
Je t'avais regardé, observé mais jamais je ne m'étais vraiment arrêtée.
Il y a 3 jours, ton souvenir m'est revenu à la mémoire et ce fut comme une évidence..
Oui j'irai te voir.
J'irai te voir après mon déjeuner et passer quelques minutes en ta compagnie.
Et c'est ce que je fis, ce mercredi 15 avril.
Je me suis approchée de toi, je t'ai salué timidement puis je me suis assise sur ce banc face à toi.
Nous sommes restés l'un en face de l'autre, le temps d'une conversation silencieuse, de plusieurs respirations communes..Inspir.. Expir ..inspir..Expir..
Je ne sais pas quel est ton nom ? Nous ne nous sommes pas présentés..Mais est-ce si important ?
Je te contemple.
Tes feuilles, d'un vert si tendre doucement bercées par le vent, certaines toutes jeunes d'autres moins ….Elles jouent à cache cache avec le soleil, le ciel,les nuages..
Tes branches tellement longues ! Tellement gracieuses !
Je me sens bien là avec toi ...Je me sens unie à la terre tout entière, je suis comblée, tout est là, rien ne manque !
MERCI
Je forme une promesse : Oui, je reviendrai te Voir
Ton amoureuse
Véronique