Puissé-je être paisible, heureux et léger de corps et d’esprit
Chère Communauté, d’ici à quelques jours, la plupart d’entre vous pourraient reprendre le chemin du travail et de la vie professionnelle. Cette période de reprise de l’activité, nous le savons, risque d’être bien plus longue et peut-être plus contraignante aussi, nous obligeant à nous protéger et surtout à protéger les autres de l’expansion de l’épidémie.
Alors même si nous avons de l’inquiétude pour notre santé, la crainte pour notre vie économique pourrait être bien plus grande encore, nous amenant peu à peu à une situation d’angoisse et d’impatience vis-à-vis de cette situation particulière en nous demandant à quand cela prendra fin, et en nourrissant un espoir envahissant quant à une solution médicamenteuse. Cet espoir, cette impatience, seraient sans doute nos « ennemis » immédiats, mais quoiqu’il arrive, prenons le temps de déguster au mieux chacune de nos journées sans trop se soucier du futur et de quoi il sera fait, et sans trop se projeter dans ce futur au-delà de l’épidémie où nous aimerions arriver au plus vite.
En tant que pratiquants(es) nous savons générer de la pleine conscience, de la patience, de la fraîcheur… alors, s’il vous plaît, continuons à faire cela pour l’offrir à nous-mêmes et aussi à notre entourage, à nos proches, à nos collègues de travail. Ne nourrissons pas les discussions et les situations anxiogènes et essayons de vivre chaque jour comme si nous mangions un quartier de mandarine bien sucrée. Prenons le temps de mâcher ce quartier de mandarine du début jusqu’à sa fin, tout comme nous essaierons de vivre chaque jour du lever jusqu’au coucher. Au réveil, nous avons aussi le temps de réciter ce gatha, assis(es) au bord du lit ou allongés(es), avant de commencer notre journée, la plupart d’entre vous l’avez déjà appris :
« Ce matin en me réveillant, je souris,
J’ai vingt-quatre heures toutes nouvelles devant moi
Je fais le vœu de les vivre pleinement
En portant un regard compatissant sur le monde
Sur tous les êtres et sur moi-même »
Chers Amis, Amies, nous allons aborder les deux autres mantras que Thầy nous a offerts pour transformer la peur, mettre fin au doute et à l’isolement. Il y a en nous et autour de nous de la beauté, de la guérison, et ceci peut être touché et nourri par l’énergie de la pleine conscience. Lorsque nous avons suffisamment de pleine conscience, nous pouvons alors offrir une vraie présence à nos parents, nos enfants, nos bien-aimés(es). Et très naturellement, sans avoir à faire d’efforts particuliers, toute la famille se sentira mieux, les relations seront plus calmes et détendues. Mais de temps en temps nous souffrons bien sûr, et si dans notre foyer, notre bien-aimé(e) nous ignore ou ne se rend pas compte de notre douleur, alors celle-ci sera encore plus grande. C’est pourquoi il est assez important d’être vraiment là et savoir reconnaître le moment où apparaît un état douloureux à la maison.
Soulager la souffrance
« Chéri(e), je sais que tu souffres, c’est pour cela que je suis là pour toi »
Avec ce mantra, non seulement nous offrons notre véritable présence, mais en plus nous reconnaissons la souffrance de la personne qui vit près de nous, ce qui peut apporter tout de suite un grand soulagement. Cela implique donc que nous soyons disponibles pour nous-mêmes afin d’accueillir et de comprendre cette souffrance.
Quand nous sentons que nous sommes prêts(es), nous pouvons prononcer ce mantra, mais si cela paraît trop difficile pour notre proche ou pour nous, tant la situation présente ne laisse pas d’espace pour cela, nous pouvons alors garder le silence tout en étant à l’écoute de l’autre personne. Il est aussi possible de préparer une boisson chaude, un thé ou un café, ou un jus de fruit, que nous boirons ensembles, puis tout doucement nous dirons « Chéri(e), je vois bien que tu souffres, c’est pourquoi je suis disponible pour toi ». Nous ne devons pas vouloir à tout prix faire parler ou raconter quoi que ce soit, car il se peut aussi que cette souffrance ait pu être causée par notre propre comportement… Juste nous avons besoin d’un peu de temps et d’espace pour rétablir la communication.
Demander de l’aide
Lorsque nous souffrons, nous pouvons être amenés à demander de l’aide à notre bien-aimé(e) ou à nos enfants par exemple. Et cela sera peut-être un peu difficile à faire, surtout si nous pensons que c’est justement la personne que nous aimons le plus qui a causé notre douleur, à tort ou à raison. Notre fierté, notre orgueil, pourraient être touchés et pour rien au monde nous ne voudrions céder et appeler au secours… Cependant, nous savons que dans l’amour véritable il n’y a pas de place pour l’orgueil, mais seulement pour la bienveillance, la compréhension compatissante, la joie, le lâcher-prise ou la liberté.
« Chéri, chérie, je souffre ; s’il te plaît aide-moi »
Ce mantra est très simple à dire, tout comme les autres précédents, mais il demande beaucoup d’engagement vis-à-vis de nous-mêmes, de sincérité, d’humilité. Il est possible que nous devions regarder profondément dans notre cœur d’abord et voir si nous sommes capables de nous remettre en cause, de raboter un peu cet orgueil, cette fierté. Ce n’est pas aussi aisé que cela. Au contraire, prononcer ce mantra trop facilement n’aurait pas une grande portée spirituelle et de réconciliation, et certainement notre bien-aimé(e) ne nous prendrait pas au sérieux. Au moment où la souffrance est présente, demander de l’aide à la personne que nous chérissons, représente un acte d’amour véritable.
« Etre présent à ce qui est beau et guérissant en nous et autour de nous est une pratique que nous devons faire chaque jour et qui peut s’appliquer à toutes nos activités quotidiennes » (TNH – La Peur)
L’énergie de la pleine conscience ne se trouve pas seulement dans une salle de méditation en dehors de la vie quotidienne, mais aussi à la cuisine, au jardin, au téléphone, au volant de la voiture, en marchant pour aller au travail… et les personnes les plus à même de nous aider à cultiver notre énergie de pleine conscience, sont nos proches à la maison, en famille.
Méditation de l’amour bienveillant
(metta – méditation adaptée du Visuddhimagga – Le Chemin de la Purification)
(extrait du livre « La Peur » - Thích Nhất Hạnh)
Offrir l’aspiration de l’amour bienveillant : pensons d’abord à une personne que nous apprécions, puis ensuite envers une personne neutre, et après nous envoyons notre aspiration à l’intention d’une personne aimée ; enfin diriger notre pensée envers une personne dont le simple souvenir nous fait souffrir.
Réciter lentement cette aspiration pour soi-même, assis calmement, le corps détendu et l’attention portée sur la respiration :
Puissé-je être paisible, heureux et léger de corps et d’esprit
Puissé-je être en sécurité, libre de toute blessure
Puissé-je être libre de la peur, de l’anxiété, de la colère et des afflictions
Ensuite, offrir cette aspiration aux autres :
Puisse-t-elle être paisible, heureuse et légère de corps et d’esprit
Puisse-t-il être paisible, heureux et léger de corps et d’esprit
Puissent-elles être paisibles, heureuses et légères de corps et d’esprit
Puissent-ils être paisibles, heureux et légers de corps et d’esprit
Puisse-t-elle être en sécurité, libre de toute blessure
Puisse-t-il être en sécurité, libre de toute blessure
Puissent-elles être en sécurité, libres de toute blessure
Puissent-ils être en sécurité, libres de toute blessure
Puisse-t-elle être libre de la peur, de l’anxiété, de la colère et des afflictions
Puisse-t-il être libre de la peur, de l’anxiété, de la colère et des afflictions
Puissent-elles être libres de la peur, de l’anxiété, de la colère et des afflictions
Puissent-ils être libres de la peur, de l’anxiété, de la colère et des afflictions
Cette aspiration nous amène à contempler les Cinq Skandhas, c’est-à-dire tout ce qui compose notre être, à savoir la forme, les sensations, les perceptions, les formations mentales et la conscience.
Notre prochain article abordera ce sujet plus en profondeur, notamment sur comment entrer en contact avec nous-mêmes et les autres au moyen de cette méditation et à travers les Cinq Skandhas.
En attendant, essayons de nous arrêter un moment pour lire ces aspirations en laissant diffuser en nous ces mots et ces phrases toutes simples, et voir ce qui va émerger en sensations, en perceptions, en formations mentales, dans notre conscience et notre corps.
Bonne pratique !
Cher Thay, Chère Sangha, cher(e)s ami(e)s,
Quelle joie et quel honneur de vous écrire pour vous partager le bonheur de ma Pratique,
grâce à ce temps de confinement.
En effet, je perçois cet « espace » de notre dimension historique comme une fenêtre ouverte pour plonger encore plus profondément dans la dimension du cœur, celle qui n’a pas de temps préconçu…
La technologie nous apporte de l’angoisse mais aussi du réconfort, à nous de l’utiliser en pleine conscience.
Le matin, je me lève tôt pour méditer en ligne avec la Sangha francophone en me connectant à Zoom par internet , ou avec les Frères au Village ou les Sœurs à la Maison de l’Inspir… Chaque matin, cela me ramène au Miracle de la Vie, au soutien de la Sangha, à la force de Vie de nos ancêtres, à la Terre-Mère, et cela me remplit de confiance…
« Le corps du Dharma rayonne la lumière du matin.
Dans la concentration, notre cœur est en paix.
Un demi-sourire naît sur nos lèvres.
Une nouvelle journée commence.
Nous la vivrons de manière éveillée.
Le soleil de la sagesse vient de se lever,
Illuminant toutes les directions.
Noble Sangha, unifions tout notre être
Dans la méditation.
Namo Sakyamunaye Buddhaya
Namo Sakyamunaye Buddhaya
Namo Sakyamunaye Buddhaya »
Voilà tout est dit, tout est Un, tout est Amour,
Tout est en harmonie…
Je me baigne alors dans le bain de Vie éternelle, et j’en suis pleinement heureux…
Dans la journée , je vaque à mes occupations en télétravail ( cours en ligne , réunions) , je prends du temps en famille, range et m’occupe des plantes de la maison, je m’émerveille des fleurs qui s’ouvrent , je reçois ce temps comme un cadeau… c’est l’occasion de pratiquer…les calligraphies du Village, un petit bouddha, une photo de Thay, des amis autour de moi, offrir un appel téléphonique à une personne , lui dire qu’elle a de l’importance dans ma vie, que je l’aime…brûler de l’encens …des petits signes , des petites actions, de petits gestes … et lorsque je commence à me perdre, je me reprends , je m’établis dans ce lieu où
« je suis chez moi,
Je suis arrivé… »
Et surtout si le doute et la peur peuvent survenir,
je « lâche prise »
« J’inspire, lâcher prise
J’expire , libre «
Je joins les mains, je m’incline en vous remerciant
Un lotus de paix et de protection à vous tous
Gil Tam Nhat Hoa :-)