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Picture of Thich Nhat Hanh smiling joyfully
Articles récents

Voici le lien pour Ă©couter le discours au Vatican

4 DĂ©cembre 2014

Voici le lien oĂč vous pouvez Ă©couter le discours au Vatican. Soeur Chan Khong parle Ă  42mn36

http://www.youtube.com/watch?v=s2VPAFFD1Ak&index=2&list=UU7E-LYc1wivk33iyt5bR5zQ
lecture de Sr Chan Kong 42mn36

Message de Thay au Vatican le 2 décembre 2014

3 DĂ©cembre 2014

Voici la traduction du Message de Thay au Vatican le 2 décembre 2014

Les leaders religieux ensemble contre l'esclavage, crime contre l'humanité

Maitre Zen Thich Nhat Hanh
(représenté par la Vénérable Bhikshuni Thich Nu Chan Khong, ainée de ses étudiants monastiques)


Sa Sainteté, Excellences, Vos Eminences, Cher Vénérables, chers Invités les plus distingués, Mesdames et Messieurs, permettez-moi de lire les mots que notre Maitre Bien-aimé, le Maitre Zen Thich Nhat Hanh, souhaite vous partager aujourd'hui.


"Nous sommes reconnaissants de pouvoir ĂȘtre ainsi tous rassemblĂ©s aujourd'hui pour annoncer au monde notre engagement Ă  travailler ensemble afin d'Ă©radiquer l'esclavage moderne; et de lancer un appel Ă  l'aide Ă  tous ceux qui sont engagĂ©s dans le trafic humain pour ARRETER leur exploitation; et de demander Ă  tous les dirigeants du monde et Ă  toutes les organisations de protĂ©ger la dignitĂ© de ces jeunes femmes, hommes et enfants. Ils sont nos filles et nos fils, nos sƓurs et nos frĂšres.


"Il est clair que dans cet Ăąge de la mondialisation, ce qui arrive Ă  l'un d'entre nous, arrive Ă  tous. Nous sommes tous interconnectĂ©s, et nous sommes tous coresponsables. Si nous nous laissons emportĂ©s par nos problĂšmes quotidiens dans la recherche de nos besoins matĂ©riels et de notre confort Ă©motionnel, mĂȘme avec la meilleure volontĂ© du monde, nous serons trop occupĂ©s pour rĂ©aliser notre aspiration commune.


"La pratique de la contemplation va de pair avec l'action. Sans une pratique spirituelle nous abandonnerons notre rĂȘve trĂšs rapidement.


"Les merveilles de la nature, les merveilles de la vie sont en chacun d'entre nous, le Royaume de Dieu est en chacun de nous, la Terre Pure, le Nirvana sont en chacun de nous et nous tous, suivant l'enseignement de notre propre tradition devons pratiquer pour entrer en contact avec ceux-ci. Ainsi nous pourrons avoir la guérison et la nourriture spirituelle, la joie et le bonheur nés de cette vision profonde : le Royaume de Dieu est disponible dans l'ici et le maintenant. Nous partageons tous ce sentiment d'amour et d'admiration pour la nature ; celui-ci a le pouvoir de nous nourrir, de nous unir, et de retirer toute séparation et toute discrimination.


"En contact avec tout ce qui est rafraichissant et guĂ©rissant, nous nous LIBERONS de nos soucis quotidiens pour notre confort matĂ©riel, et ainsi nous avons BEAUCOUP plus de temps et d'Ă©nergie pour rĂ©aliser notre idĂ©al qui est celui d'apporter la libertĂ© et la compassion pour tous les ĂȘtres vivants. Comme nous pouvons le lire dans les Evangiles :" Ne vous inquiĂ©tez pas de ce que vous mangerez, de ce vous boirez, de ce que vous porterez. Cherchez tout d'abord le Royaume de Dieu et toutes ses choses vous seront donnĂ©es. Ne vous inquiĂ©tez Ă  propos de demain. Demain s'occupera de lui-mĂȘme."


"Dans notre travail Ă  Ă©radiquer l'esclavage moderne, nous DEVONS trouver le temps de prendre soin de nous-mĂȘmes, et de prendre soin du moment prĂ©sent. De cette façon nous trouvons une paix dans notre corps et notre esprit qui nous permet de continuer notre travail. Nous avons besoin de reconnaitre et d'embrasser notre propre souffrance, notre colĂšre, peur, et dĂ©sespoir de telle sorte que l'Ă©nergie de compassion puisse ĂȘtre maintenue dans notre cƓur. Avec la clartĂ© dans notre esprit, nous aurons de la compassion non seulement pour les victimes mais Ă©galement pour les trafiquants eux-mĂȘmes. En reconnaissant la souffrance des trafiquants, nous pourrons les aider Ă  s'Ă©veiller et Ă  arrĂȘter ce qu'ils font. Notre compassion peut aider Ă  les transformer en amis et en alliĂ©s pour notre cause.


"Nous avons besoin d'une COMMUNAUTE SPIRITUELLE pour pouvoir continuer notre travail de compassion, pour nous soutenir et nous protĂ©ger - une vĂ©ritable communautĂ©, oĂč nous pouvons y trouver la fraternitĂ©, la compassion et la comprĂ©hension. Nous ne devons pas faire ce travail en tant que cavalier seul, ou guerrier solitaire. La racine de l'esclavage moderne est trĂšs profonde, et les causes et les conditions, les rĂ©seaux et les structures les soutenant sont complexes. C'est pourquoi nous avons besoin de construire une communautĂ© qui puisse continuer ce travail de protĂ©ger la vie humaine non seulement jusqu'en 2020 mais pour trĂšs longtemps dans le futur.


Le monde dans lequel nous vivons est mondialisĂ©, ainsi que cette nouvelle forme d'esclavage, qui est connectĂ© avec les systĂšmes Ă©conomiques, politiques et sociales. Notre Ă©thique et notre moralitĂ© doivent Ă©galement ĂȘtre mondialisĂ©es. Un nouvel ordre mondial appelle pour une nouvelle Ă©thique mondiale. Nous devons nous asseoir ensemble, en tant que personnes de nombreuses traditions, comme nous le faisons maintenant, pour trouver les causes de cette souffrance. En regardant ainsi profondĂ©ment ensemble, avec clartĂ©, calme et paix, nous comprendrons les causes de l'esclavage moderne, et nous pourrons ainsi trouver une solution pour en sortir.

Les leaders religieux ensemble contre l'esclavage, crime contre l'humanité

2 DĂ©cembre 2014

Les leaders religieux ensemble contre l'esclavage, crime contre l'humanité

Les leaders religieux ensemble contre l'esclavage, crime contre l'humanité

Pour la premiÚre fois de l'histoire, les chefs des communautés catholique, anglicane et orthodoxe, ainsi que bouddhiste, hindoue, juive et musulmane, s'engagent conjointement dans le cadre d'une lutte commune contre l'esclavage. A l'occasion de la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage, ils se sont réunis à... Rome afin de signer une déclaration commune, dans laquelle l'esclavage est considéré comme un crime contre l'humanité.

Ce mardi 2 décembre, plusieurs chefs religieux étaient ainsi réunis au Vatican dans le cadre d'une initiative historique visant à éradiquer de maniÚre définitive l'esclavage moderne dans le monde entier d'ici 2020.
Ils ont en effet signĂ© la DĂ©claration commune des chefs religieux contre l'esclavage moderne, afin de souligner le fait que l'esclavage moderne ( sous la forme de traite des ĂȘtres humains, de travail forcĂ© et de prostitution, de trafic d'organes et de toute relation ne respectant pas la conviction fondamentale selon laquelle tous les individus sont Ă©gaux et bĂ©nĂ©ficient de la mĂȘme libertĂ© et dignitĂ© ) constitue un crime contre l'humanitĂ© qui doit ĂȘtre reconnu comme tel par tout individu et par toutes les nations. Ils ont ainsi affirmĂ© leur volontĂ© commune de susciter, partout dans le monde, une action spirituelle et concrĂšte parmi toutes les confessions et personnes de bonne volontĂ© en vue d'Ă©radiquer l'esclavage moderne.

Autour du Pape François, on trouvait ainsi le
MĂ©tropolite Emmanuel de France, qui reprĂ©sentait le Patriarche ƓcumĂ©nique de Constantinople BartholomĂ©e 1er, Monseigneur Justin Welby, archevĂȘque de CantorbĂ©ry pour les Anglicans, deux rabbins, Abraham Skorka et David Rosen, le Dr. Abbas Abdalla Abbas Soliman, sous-secrĂ©taire d'État d'Al Azhar Alsharif, reprĂ©sentant Mohamed Ahmed El-Tayeb, Grand imam d'Al-Azhar, le Grand ayatollah Mohammad Taqi al-Modarresi, Sheikh Naziyah Razzaq Jaafar, conseiller spĂ©cial du Grand ayatollah ayatollah Sheikh Basheer Hussain al Najafi, le Sheikh Omar Abboud, pour les hindouistes, Sa SaintetĂ© Mata Amritanandamayi (Amma) et la VĂ©nĂ©rable Bhikkhuni Thich Nu Chan Khong reprĂ©sentant le MaĂźtre zen Thich Nhat Hanh (Thay). Pour la communautĂ© bouddhiste, le TrĂšs VĂ©nĂ©rable Datuk K. Sri Dhammaratana Nayaka Maha Thero, Grand prĂȘtre de Malaisie.

Plusieurs dirigeants d'organisations internationales, tels qu'Andrew Forrest de la Fondation Walk Free, et d'organisations et entreprises de la société civile assistaient aussi à la signature de la déclaration.

Le Pape, dans son discours, a remerciĂ© tous les responsables religieux prĂ©sents pour leur engagement en faveur des survivants Ă  la traite des personnes et pour leur participation Ă  cette signature, « un acte de fraternitĂ© Ă  l’adresse de nos frĂšres les plus souffrants ». « Cette initiative, a soulignĂ© le Pape, est historique : dĂ©clarer que nous travaillerons ensemble pour Ă©radiquer le terrible flĂ©au de l’esclavage moderne, sous toutes ses formes ». Le pape François a dĂ©noncĂ© un « flĂ©au atroce, prĂ©sent dans tout le monde », en Ă©voquant « toutes ses formes, Ă©conomiques, psychologiques, sexuelles », y compris « dans le tourisme ». Il a citĂ© la prostitution, le travail des enfants, la vente des organes, les mutilations forcĂ©es.Ce flĂ©au atroce est prĂ©sent Ă  grande Ă©chelle dans le monde entier, y compris dans le tourisme et s’aggrave chaque jour un peu plus, a-t-il relevĂ©. Des dizaines de millions de personnes, surtout pauvres et vulnĂ©rables, sont enchainĂ©es dans l’inhumanitĂ© et l’humiliation. Ce crime se cache derriĂšre les portes des Ă©glises, dans les rues, dans les voitures dans les usines, dans les campagnes, Ă  bord des chalutiers.

En remerciant les reprĂ©sentants des autres religions pour cet engagement transversal, le Pape François a soulignĂ© que les croyants ne peuvent pas tolĂ©rer que l’image du Dieu vivant soit soumise au trafic le plus aberrant. Tous les ĂȘtres humains sont Ă  l’image de Dieu ; ils ont donc Ă©gaux et libres et leur dignitĂ© doit ĂȘtre reconnue . Les gouvernement, les croyants, les entreprises et l’opinion publique doivent prendre leurs responsabilitĂ©s. Aujourd’hui nous avons les moyens pour atteindre cet objectif humain et moral.

Le discours de Thay lu par Soeur Chan Khong
http://plumvillage.org/news/thich-nhat-hanhs-speech-at-the-vatican-december-2-2014/

Les leaders religieux ensemble contre l'esclavage, crime contre l'humanité
Les leaders religieux ensemble contre l'esclavage, crime contre l'humanité

Question Ă  Thay : Cher Thay, que faire quand mon prof se moque de moi et que la classe rigole?

28 Novembre 2014

Question posée à Thay lors d'une session de questions et réponses au Village des Pruniers le 12 juillet 2011.

Vidéo sous-titrée en français. N'oubliez pas d'activer les sous-titres.

Dites-nous Thay : Pourquoi courons-nous tout le temps?

21 Octobre 2014

Dites-nous Thay : Pourquoi courons-nous tout le temps?

C’est une habitude, un rĂ©flexe transmis par nos ancĂȘtres. Nous courons parce que nous ne sommes pas Ă  l’aise dans l’ici et maintenant. Nous courons aprĂšs quelque chose qui nous rendra plus heureux. DerriĂšre cette habitude, se cache la conviction que pour l’instant nous n’avons pas tout ce qu’il faut pour ĂȘtre heureux. Ainsi donc courons-nous vers le futur pour trouver de meilleures conditions de bonheur. Nous ne savons mĂȘme pas que nous courons. Et lorsque nous pratiquons la mĂ©ditation assise ou marchĂ©e avec le dĂ©sir de guĂ©rir ou dans tout autre but, nous nous projetons toujours dans l’avenir et nous sommes toujours en train de courir. Avoir un but c’est toujours courir. En revanche, quand la joie est prĂ©sente dans notre pratique, elle nous nourrit : c’est dĂ©jĂ  la guĂ©rison.

Mais il ne suffit pas de vouloir arrĂȘter de courir pour y parvenir. Cette course effrĂ©nĂ©e qu’est devenue notre vie a engendrĂ© des tensions qui se sont accumulĂ©es dans le corps. Comment nous dĂ©tendre ? La pleine conscience est la capacitĂ©, l’énergie qui permet de savoir ce qui se passe dans notre corps, dans notre esprit, dans nos sensations, dans notre environnement. Si nous sommes tendus, la pleine conscience nous informe qu’il y a tension. Avec la pratique de la pleine conscience, nous reconnaissons notre respiration : « J’inspire et je sais que j’inspire. » Nombreux sont ceux qui ignorent qu’ils respirent. Lorsque nous portons notre attention sur l’inspiration, l’esprit se pose uniquement sur elle, il n’a qu’un seul objet, et nous commençons Ă  nous concentrer. En maintenant la pleine conscience vivante, nous nous concentrons davantage, et la concentration permet de voir plus profondĂ©ment, de comprendre. La pleine conscience est intimement liĂ©e Ă  la concentration et Ă  la comprĂ©hension, ou vision profonde. La vision profonde permet de comprendre la souffrance, d’en sortir.

Respirer en pleine conscience est dĂ©jĂ  une vision profonde. « Je suis en vie » est une vision profonde qui apporte la joie. « Je marche sur cette planĂšte merveilleuse », est une autre vision profonde qui apporte la joie. L’oubli est l’opposĂ© de la pleine conscience. En chinois, les idĂ©ogrammes qui forment le mot « pleine conscience » signifient : « L’esprit rentre Ă  la maison dans l’instant prĂ©sent. »

En inspirant en pleine conscience nous voyons les habitudes qui nous poussent Ă  courir. Nous courons derriĂšre le sexe, l’argent, les distractions, le pouvoir, etc, ce sont des habitudes lĂ©guĂ©es par nos ancĂȘtres. Et il arrive souvent que, bien qu’ayant obtenu toutes ces choses, nous demeurions insatisfaits.

Lorsque nous comprenons que plus d’argent, plus de sexe et plus de pouvoir ne comblera pas nos manques, nous arrĂȘtons de courir. DĂšs lors, nous relĂąchons les tensions du corps. De cette dĂ©tente, naĂźt la joie et le bien-ĂȘtre, nous y prenons plaisir : la vie apparaĂźt dans toute son intensitĂ©, nous la goĂ»tons dans tout ce qu’elle a Ă  nous offrir, cette prĂ©sence Ă  la vie nous guĂ©rit du passĂ©. Pratiquer ainsi la respiration consciente et la mĂ©ditation marchĂ©e c’est dĂ©jĂ  la guĂ©rison.

Nous Ă©prouvons un mal-ĂȘtre. Nous souffrons et nos enfants souffrent parce que nous souffrons. Ce mal-ĂȘtre engendre des pathologies physiques et psychiques. Nous cherchons un moyen de guĂ©rir. La pratique de la pleine conscience peut guĂ©rir, mais ce n’est pas un moyen : elle est elle-mĂȘme la guĂ©rison. Lorsque nous pratiquons la respiration consciente, gardons Ă  l’esprit que chaque inspiration n’est pas un moyen, mais une fin en soi. Si nous respirons en telle sorte que pendant l’inspiration nous sommes dans le calme et la paix, alors la guĂ©rison est prĂ©sente. Si nous souffrons, ce n’est pas la pratique. La pleine conscience est le contenu de notre respiration. Elle nous permet d’entrer en contact avec notre corps et notre environnement. La nature a un pouvoir de guĂ©rison. Si vous vous abandonnez Ă  elle, la guĂ©rison est dans chaque pas, dans chaque respiration.

Nous savons que la Terre n’est pas seulement notre environnement, elle est en nous. Mais nous ne la laissons pas exercer son pouvoir de guĂ©rison parce que nous courons tout le temps. Nous recherchons quelque chose, et nous avons abandonnĂ© la nature. La respiration consciente et la mĂ©ditation marchĂ©e nous permettent de retourner Ă  nous-mĂȘmes, Ă  la nature pour guĂ©rir. Le corps et l’esprit ont un pouvoir de guĂ©rison mais nous ne leur permettons pas d’agir. L’organisation de la sociĂ©tĂ© gĂ©nĂšre beaucoup de tensions auxquelles nous ne savons pas rĂ©sister.

Nous avons la capacitĂ© de nous apaiser, mais elle n’est pas assez forte. Notre insatisfaction et notre malaise gĂ©nĂšrent une agitation qui se caractĂ©rise par une excitation mentale. L’agitation nous pousse Ă  chercher un objet pour oublier le malaise, et cette aspiration vers toujours plus, plus d’argent, plus d’objets, plus d’expĂ©riences, plus de connaissances empĂȘche l’esprit de se canaliser, de se concentrer sur ce qui lui fait du bien, sur la paix. L’agitation est l’oubli de soi, l’oubli de l’instant prĂ©sent.

Nous sommes agitĂ©s car nous ne savons pas quoi faire du vide intĂ©rieur, de la solitude, de la douleur. Nous recherchons toujours plus d’excitations, d’émotions fortes et d’expĂ©riences pour les recouvrir, pour nous donner l’impression de vivre intensĂ©ment. Nous attendons quelque chose, nous nous mettons en quĂȘte, nous vĂ©rifions la boĂźte mail, nous prenons le journal pour occuper notre esprit et faire taire le malaise diffus. Nous nous lançons dans une activitĂ©, dans de nouveaux projets, nous nous droguons avec le travail, non pour l’argent, mais pour nous y rĂ©fugier. Nous Ă©coutons de la musique, nous regardons la tĂ©lĂ©vision, nous nous adonnons Ă  un sport, nous nous perdons dans les voyages, nous apprenons des langues Ă©trangĂšres ou nous Ă©tudions le Bouddhisme pour oublier le manque de paix. Nous nous disons que ces activitĂ©s ne font de tort Ă  personne. Nous utilisons aussi la mĂ©ditation pour couvrir l’absence de paix. Les diffĂ©rentes pratiques de mĂ©ditation ne servent Ă  rien si nous ne savons pas comment les appliquer. En effet, certaines personnes atteignent un Ă©tat de mĂ©ditation profond pendant plusieurs jours pour s’y rĂ©fugier, mais quand elles en sortent, elles souffrent Ă  nouveau. La vraie mĂ©ditation est comprĂ©hension et pas seulement apaisement, car seule la vision profonde, la comprĂ©hension, peuvent vous guĂ©rir. La mĂ©ditation n’est pas un refuge temporaire.

Ainsi donc, la pleine conscience doit conduire Ă  la comprĂ©hension et Ă  la vision profonde. Il faut donc ĂȘtre prudent lorsque vous l’utilisez pour relĂącher les tensions. Elle sera sans effet si elle n’est pas accompagnĂ©e de comprĂ©hension.

Notre sociĂ©tĂ© est prise au piĂšge du conflit entre travail et vie personnelle : nous sommes tellement occupĂ©s, nous travaillons tellement que nous n’avons pas le temps de vivre. Comment trouver un Ă©quilibre entre les deux ? La question se pose davantage parce que nous ne savons pas gĂ©rer le mal-ĂȘtre que parce que nous voulons gagner plus d’argent.

Soyons attentifs lorsque l’agitation se manifeste. Accueillons-la, embrassons-la. Pratiquons la respiration consciente. Ramenons l’esprit dans sa vraie demeure, qui est l’instant prĂ©sent, Ă©tablissons l’esprit et le corps dans l’ici et maintenant. Alors entrerons-nous en contact avec les merveilles de la vie qui n’est accessible que dans le moment prĂ©sent.

Le moment prĂ©sent est merveilleux et lorsque nous en prenons conscience nous vivons Ă  fond la vie quotidienne. Nous devons accomplir un grand nombre de tĂąches au quotidien, prĂ©parer le petit dĂ©jeuner, nous brosser les dent, prendre le mĂ©tro, faire les courses, prĂ©parer les enfants pour l’école. Accomplissons-les de façon Ă  apprĂ©cier chaque instant, car dans la tradition zen ces activitĂ©s « sont » le Bouddhisme. Il faut travailler, mais travaillons tout en Ă©tant pleinement vivant et non comme un fantĂŽme. Lorsque nous nous rendons Ă  notre travail en voiture, que nous la garons, que nous marchons vers notre bureau, nous pouvons le faire en telle sorte que chaque pas « est » la vie. Et quand vous recevrons une relation d’affaires, nous pourrons introduire de la compassion dans cet Ă©change. Ne disons pas : « Je dois terminer mon travail pour commencer Ă  vivre. » Effectuons nos tĂąches quotidiennes, de façon que chaque instant soit la vie, c’est le secret. Il n’y a plus de distinction entre travail et vie personnelle.

Tous les matins, vingt-quatre heures toutes nouvelles nous sont offertes par la vie. Ne les gĂąchons pas. Les gens diront : « Vous ĂȘtes lent, le temps c’est de l’argent. » Mais le temps n’est pas l’argent, le temps c’est la vie. Il faut nous rĂ©organiser, rĂ©organiser la sociĂ©tĂ© et notre vie de façon Ă  nous dĂ©barrasser de la pression que la sociĂ©tĂ© fait peser sur nous. Il faut rĂ©sister. Et lorsque nous marchons depuis le parking jusqu’à notre bureau, c’est une façon de rĂ©agir : « Je n’accepte pas, je le fais Ă  ma façon. La paix est dans chaque pas, la joie est dans chaque pas. » Si beaucoup de gens se comportent ainsi, la sociĂ©tĂ© changera. Un pas fait dans la pleine conscience et la comprĂ©hension apporte la joie et le bonheur.

Observons-nous pour prendre conscience de nos Ă©nergies d’habitude. Quand nous nous prĂ©parons Ă  faire une activitĂ© demandons-nous : « Quel besoin ai-je de lire le journal, de regarder la tĂ©lĂ©vision, de faire cette recherche sur internet, de vĂ©rifier ma boĂźte mail plusieurs fois par jour ? » Nous ne supportons pas d’ĂȘtre inactifs. Il nous faut aller quelque part car nous ne supportons pas d’ĂȘtre lĂ  oĂč nous sommes. LĂ  oĂč nous sommes, le mal-ĂȘtre et l’insatisfaction nous guettent et il faut les fuir. Mais il existe un pays de plĂ©nitude, c’est le pays de l’instant prĂ©sent. Il n’y a pas besoin de passeport pour y aller, la pratique de la pleine conscience vous y donne accĂšs. Chaque pas, chaque respiration nous ramĂšne au pays de l’instant prĂ©sent. Si nous savons comment y vivre, nous guĂ©rissons Ă  chaque seconde. À ce moment-lĂ , la nature est prĂ©sente avec toutes ses merveilles, la vie se dĂ©ploie dans toute sa beautĂ© et son intensitĂ© et nous pouvons enfin rentrer chez nous, dans l’ici et maintenant, le pays oĂč il ne manque rien.

Nous ne devons aller nulle part, la vie est merveilleuse Ă  chaque instant.